Mon cher Claude,
Comment dire avec ces mots que tu aimais tant, notre belle langue française que tu as si bien servie, l’affection, l’admiration, la reconnaissance que nous te devons, nous les pauvres mortels encore debout dans cette église, nous qui n’avons plus que notre peine à t’offrir. Le poète est celui qui passe mais c’est surtout celui qui demeure dans les cœurs et dans les âmes. Toi qui croyais à l’apocatastase, il n’y a plus d’autres possibles pour toi que le Paradis.L’enfer est peut-être vide mais, pour toi, il n’y avait pas grand risque : une belle personne, un être rare, curieux, créateur, si humain dans ses passions, si plein de vie et de désir pour ce qui est grand, beau, nécessaire. Chaque conversation avec toi était une merveille de profondeur. Je me vois encore il y a quelques jours parler de l’essentiel, de cette vie après la mort, de ce Dieu d’amour tellement fou de nous aimer individuellement, du sacré de notre vie et de ce que nous lui devons alors que tant d’hommes y meurent dans cette vie à force l’ignorance et de paresse et de lâcheté.
Toi, tu savais pourquoi tu vivais, pourquoi ton travail, ton œuvre, pouvait être si important pour tes frères en humanité. Et tu travaillais, tu travaillais… Comme seuls le font les artistes quand ils sont habités. Avec Annik, ta femme, ton double, ta merveille qui savait si bien mettre en forme ce dont tu rêvais, tu as construit une œuvre magnifique et peut-être, sûrement, qu’un jour la France, l’humanité le comprendra.Ainsi l’homme œuvre dans le silence de Dieu. Silence si plein de sa présence. Ainsi Claude, mon ami, tu es passé dans la communion des Saints. Tu es présent à jamais et dans notre histoire, la mémoire, et dans l’autre.